C'était le premier mai 2002. Avait lieu le matin le défilé du parti d'extrême droite, et l'après-midi une contre-manifestation anti-Lepen. J'étais parti pour faire des sons pour les deux événements. Je n'en ai jamais fait l'après midi: les manifestants n'avaient rien à dire, sinon des poncifs que je qualifierai de débiles. Ca fait drôle aprés avoir entendu les arguments des extrêmes, souvent trés construits, de se taper ensuite de plein fouet la douce inconsistance d'un anti-fascisme de convenance. C'était trés démoralisant, surtout quand on voit que la bétise est aussi du côté de ses propres idées. Une bétise débile, ras les pâquerettes, de gens hébétés qui ne comprenaient pas comment c'était arrivé. Il faut dire que le jour des élections ils faisaient un barbecue entre amis , tous de gauche évidemment. Cette observation a d'ailleurs fait beaucoup avancer les statistiques nationales concernant la pratique du barbecue le dimanche selon les obédiences en France. Ce fut une grande avancée pour la nation. Aprés ils débarquaient dans la rue tous idiots, en disant des trucs ahurissants à qui voulait les interviewer. Il ne m'est resté qu'un seul son, celui fait le matin. je suis resté un peu amusé par les slogans, notamment le France liberté. L'ambiance n'était pas forcément bonne. J'étais le seul journaliste à m'adresser au peuple et je me demandais un peu pourquoi. J'ai été trés rigoureux dans ma méthode:

  • 1) J'ai fait comme ma maman m'a dit de faire dans la vie: j'ai été poli, dit bonjour au revoir.
  • 2) J'ai tâché de rester le plus honnête possible intellectuellement parlant.
  • 3) Malgré toute une méthodologie élaborée et mise en oeuvre je n'ai pas pu m'empêcher la goguenardise. Ca a été plus fort que moi, mais jamais méchant. Le rire est aussi un moyen défensif.

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