Celle-ci lui demandait de parler de l'insuffisance de l'amour... Deux jours plus tard ce fût la mort du grand philosophe.

Derrida ne pouvait pas parler de l'amour en général. Encore moins de l'insuffisance de l'amour. Aussi il se contenta de dire non à la journaliste, franchement hébétée, à qui on avait appris gentiment à passer à la moulinette les faits du monde réel mais pas à penser. Alors elle avait balancé l'insuffisance de l'amour comme on balance un slogan à la télévision. Et lui le philosophe avait dit NON; d'un Non franc et massif. Et elle, elle continuait d'insister, ce qui constituait un quasi pléonasme, en boucle dans sa cervelle. C'en était presque émouvant.

Pendant ce temps, à l'autre bout de la ville, des élèves d'un autre âge, en fin de cycle secondaire, apprenaient à faire une dissertation de philosophie et de la philosophie tout court; ailleurs un viel homme, connu de tous, au crépuscule de sa vie, découvrait, lui, qu'il commençait seulement à en faire et décidait de le chanter sur tous les toìts...


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